Blockhaus-DY10
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Entre 1940 et 1945

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Message par Philippe Tremble Mar 26 Fév - 15:54

Construction du blockhaus dy10. 11000 tonnes de béton armé sont coulés pour former deux étages de 400m, ce que les allemands appellent un Luftschutzraüme, c'est à dire un abris anti-aérien destiné à protéger les employés des chantiers navals en cas de bombardement, il n'y pas d’armement sur le blockhaus.
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Entre 1940 et 1945 Empty la lettre d'André AGAMEMNON architecte du blockhaus DY10

Message par Philippe Tremble Mar 26 Fév - 16:29

Suite à notre communication téléphonique de ce jour et à l’article paru dans P.O. (Presse Océan) avec comme titre « la nouvelle vie du Blockhaus DY10 », je viens vous confirmer tous les détails concernant l’origine de cet abri.


Les journalistes qui vous ont interrogé sont certainement nouveaux car pendant des années du temps de Michel Bodiguel rédacteur en chef rue Santeuil, j’ai été correspondant du journal et ai souvent écrit dans la rubrique « Cher Monsieur » notamment lors de l’anniversaire des bombardements les 16 et 23 sept. 43 et de l’assassinat du Colonel Holz en 41 dont j’avais un collègue des chantiers témoin visuel de ce meurtre. J’ai conservé tous ces articles qui doivent se trouver dans les archives du journal.


Sachez que tous les ouvrages construits par les Allemands pendant la guerre sur notre sol ont été à la libération la propriété des domaines qui les ont gérés par la suite.
Donc celui dont vous parlez a été construit par les Allemands sur un terrain appartenant aux ACB (Ateliers et Chantiers de Bretagne). C’est à cet endroit que je rangeais mon vélo quand j’étais dessinateur industriel aux A.C.B. Donc les chantiers ont cédé leur terrain pour que les Allemands y construisent cet « abri antiaérien » et non un blockhaus qui signifiait ouvrage de défense militaire. Il a été prévu pour y loger tout le personnel des ACB, soit 3 500 personnes en même temps qu’un autre situé plus haut dans la rue pour les ACL.


Cet abri comprenait au départ 8 grandes salles réparties sur deux niveaux. Les fondations, les murs extérieurs, la couverture mesuraient 2m d’épaisseur et le plancher entre les 2 étages ainsi que les murs de refend 0,50m, le tout en béton très légèrement armé non pas en béton BRANCHE comme l’écrit le journal mais en banché avec des banches (coffrages) de 40mm d'épaisseur et entre 15 et 30cm de largeur. Vue la poussée du béton liquide sur les coffrages il fallait pendant la coulée sur 2,5m de hauteur, les relier entre eux par des coutures en acier de ∅ 6 qui traversaient les coffrages puis étaient torsadées à l’extérieur avec un outil spécial appelé virbot.


Comme toute la partie en élévation a été coulée entre le 1er Août et le 15 septembre en pleine chaleur et qu’en plus le ciment était un ciment métallurgique qui dégageait une forte chaleur pendant la prise, la température dans les pièces (par étage) était entre 50 et 70°. J’ai du organiser toute une série d’équipes qui se relayaient pour d’abord couper les virbots avec des coupe boulons puis arracher les planches avec des pinces monseigneur. Les gars étaient le torse nu, juste en pantalon de toile, ils s’arrosaient le tête et le corps d’eau froide, puis pénétraient dans les salles pendant 10 min à 1/4 h max.


L’entreprise a pu récupérer sur un autre chantier Allemand 2 pompes à béton, l’une de 15 l’autre de 12 m3/heure. Ce n’était pas un matériel moderne comme aujourd’hui. Les tubes étaient rigides en acier et très lourds, clipsés les uns aux autres. Si la pompe venait à s’arrêter il fallait rapidement démonter les tuyaux qui séchaient très vite, les vider sur place, les laver et quand la pompe était réparée on remontait le tout et avec une sorte de ballon de rugby en mousse que l’on enfonçait dans le tuyau, on le faisait avancer avec de l’eau sous pression à 4 bars et tout en avançant il nettoyait le conduit.


J’avais fait placer une pompe à chaque extrémité du chantier et construit en bout côté Loire une sorte de mirador de 10m de haut où je m’asseyais pour surveiller les manœuvres.


Pour alimenter chaque pompe j’avais placé 2 grosses bétonnières dont les 2 clips / Kips déversaient le béton dans la trémie de chaque pompe. Mais les carriers qui faisaient aussi du trafic, ne mettaient pas que des pierres de bonne qualité, souvent de la terre y était mélangée ce qui par moments changeait la granulométrie du matériau et la pompe se bloquait et faisait se casser la clavette en acier de sécurité qui entraînait la pompe. Cela ralentissait la cadence et j’avais placé un mécanicien qui conduisait chaque pompe. C’est d’ailleurs l’un d’eux qui a découvert la raison des pépins, il avait alors préparé 2 seaux remplis de bon gravier et quand il sentait la pompe forcer, il les déversait dans la goulotte et cela repartait. La clavette démontée je la portais aussitôt aux constructions mécanique des ACB qui en vitesse nous en fabriquaient une autre. On perdait ainsi à chaque fois, au moins une heure à tout démonter et remonter, soit de la fatigue inutile pour les gars.


J’avais prévu le jour des coulées de mettre au repos en attente plusieurs équipes qui bricolaient par exemple à gratter les planches décoffrées pendant que d’autres chargeaient les bétonnières. Dès que du haut de mon perchoir, je sentais une équipe mollir par la fatigue, je la remplaçais par une autre et ainsi de suite. Souvent je descendais pour leur donner un coup de main à charger.


Les jours de coulage il ne devait pas y avoir d’arrêt entre 8h du matin et 18h le soir, même à midi. Les manœuvres se relayaient, les uns déjeunaient sur le tas pendant que les autres chargeaient. Ce n’est que comme cela que nous avons pu terminer à temps le 16 septembre.


Ce jour là il n’y avait au moment de l’alerte vers 16h que nos ouvriers et quelques voisins (https://fr.wikipedia.org/wiki/Bombardements_de_Nantes), mais 8 jours après le 23 à 9h le matin pendant la deuxième alerte les 3 500 salariés des chantiers étaient à l’intérieur et cette fois les bombes avaient légèrement touché les ateliers, les bureaux ou les bateaux en réparation.


Nous avions donc coffré, ferraillé et coulé 3 000 m3 de béton en un mois et demi, alors que les prédécesseurs avaient mis 6 mois pour faire seulement les fondations et amorcer les coffrages du rez de chaussée.


Le 16 il ne restait que les escaliers extérieurs à couler, les coffrages étaient terminés quand l’alerte a sonné. Les gens des ACB sont allés comme d’habitude jouer aux cartes dans les cafés ou partis chez eux.


Ce jour là, l’officier Allemand venait de terminer sa visite de chantier et m’avait montré au passage sur le mur de la 1ère porte (il doit y être encore) un V avec une croix de Lorraine à l’intérieur et en riant m’a dit « De Gaulle » et est parti vers la conciergerie des ACB.


A ce moment là, la DCA s’est mise en route et un des 2 contremaîtres avec qui je parlais me montre le ciel avec les petits nuages noirs de « la Flack » et me dit « Cette fois c’est po… » puis plus rien, nous nous sommes retrouvés tous les 3 enlacés peut-être 1/4h à 20min après allongés à l’entrée de la première salle, nous avions donc volé pendant 20min au moins sans mettre pied à terre avons passé la porte, tourné à gauche dans le couloir puis à droite. Quand je me suis réveillé j’étais complètement sourd et aveugle et en regardant le mur en face de moi j’ai vu un énorme et puissant arc en ciel.


Puis quand nous avons pu nous lever nous avons gagné péniblement l’entrée et nous avons vu qu’à la place où nous étions avant, un énorme cratère de la largeur de la rue soit 12m par 5 à 6 de profondeur et notre petite bétonnière préparée pour couler les escaliers se trouvait dans la pente, le carter complètement enfoncé par le souffle mais pas un éclat de visible tant sur le mur que dans les matériaux.


Ce devait être une bombe soufflante de 350K comme pas mal tombées en ville. 15 jours après en coulant la chape 7m plus haut nous avons retrouvé les pavés de la rue et du sable sur la terrasse de l’abri où ils ont fait un jardin depuis.
J’ai eu le tympan gauche percé et depuis suis mal entendant (à 80 ans c’est déjà normal).


Dès que le rez-de-chaussée (R de ch) a été coulé le directeur des ACB, mon ancien patron est venu avec des cadres supérieurs visiter la 1ère salle et ils y ont fait installer une table et des bancs puis mis l’électricité.


Quand plus tard il y avait des alertes ils s’installaient ensemble dans leur coin et m’invitaient avec eux en me proposant leurs services pour améliorer le confort à l’intérieur.
En principe il devait y avoir de grosses portes en acier aux entrées, mais je ne les ai jamais reçues.


Après le 2ème bombardement, nous sommes passés à un autre abri de la moitié du 1er. 3 bombes étaient tombées dans les aciers des fondations qui n’étaient pas encore coulées.
Après avoir redressé le ferraillage nous avons ramené une pompe et le matériel à cet abri.


Mais le problème a été celui de l’eau. Une bombe était tombée en plein milieu de la rue en tête du pont Haudaudine et de la rue Louis Blanc, détruisant la grosse canalisation d’eau alimentant toute la région Sud (Rezé et le reste). Le chef du service des eaux est venu me trouver pour me chiner du ciment car ils n’en avaient pas pour réparer les énormes dégâts causés par les bombes. Nous lui en avons donné pas mal, mais en échange je lui ai demandé en priorité de rétablir cette grosse vanne et le branchement qui nous desservait aussi. En attendant il a fallu improviser pour avoir de l’eau. J’ai remarqué qu’il y avait en bordure de Loire face aux C.M. des chantiers, un gros réservoir en tôle placé sur un haut trépied où l’on faisait monter l’eau de la Loire dedans qui prenait ainsi de la pression et pouvait alimenter les lavabos des ouvriers en eau.


Je me souviens quand j’étais encore aux ACB et que la saison des civelles battait son plein que de vieux collègues de bureau, branchaient l’écoulement des bacs lave main et remplissaient avec les robinets ces bacs en 1/2 cercle, ensuite ils n’avaient plus qu’à recueillir les civelles.


Donc, grâce à ce réservoir sous pression, j’ai pu alimenter les pompes en eau et reprendre le coulage en attendant la réparation de la vanne plusieurs semaines après. Le seul inconvénient, nous n’avions pas les 4 bars nécessaires pour pousser le ballon dans les tuyaux.


Quelques années après, je passais par là et une entreprise parisienne était chargée de démolir cet abri que les propriétaires du terrain les St Defoy anglais voulaient récupérer comme avant.


J’ai parlé au chef de chantier qui m’a dit « je voudrais bien connaître le salop qui a construit cet abri car à côté des autres c’est du béton solide. » Je lui ai dit « c’est moi ». « Vous étiez à Paris en 43, mais nous ici nous prenions des bombes c’est pour cela que contrairement aux autres, nous n’avons pas triché sur les matériaux ». Ils remplissaient l’abri d’eau et le faisaient sauter ce qui disloquait en plusieurs morceaux l’ensemble qu’ils n’avaient plus qu’à finir de casser aux brises béton. Le plus gros près de la gare SNCF a été cassé de la même façon. (Fin 1ère partie pour P.O.)


Vous m’avez proposé au téléphone de visiter votre aménagement, je le ferai avec plaisir dès que ma fille aînée qui est VRP se rendra à Nantes, elle nous emmènera vous voir avec ma femme et moi.


J’avais appris qu’un moment l’abri servait au début à entreposer des pièces détachées et de dépôt aux magasiniers, puis c’est devenu des locaux pour les syndicats, une sorte d’annexe locale de la Bourse du Travail où les gars se réunissaient pour manifester comme le montrent les photos du journal.
Pour vous personnellement qui n’avez pas connu cette période je vais vous raconter quelques anecdotes ayant trait au chantier mais pas à communiquer aux journaux. 


2ème partie :


Je vous disais donc qu’après ma sortie de Livet j’ai fait mes 2 ans de service militaire et en octobre 37 ne trouvant pas de travail comme modeleur je suis entré comme dessinateur industriel aux ACB. C’était la fin du Front populaire avec les grèves et occupations d’usine que je n’appréciais guère. En 39 je sui parti à la guerre et retourné aux chantiers­­­­ en septembre 40 sous l’occupation. M’ennuyant à ne rien faire au bureau j’ai décidé de suivre par correspondance les cours de Conducteur de Travaux chez Eyrolles.


Après 8 mois de préparation je n’ai eu qu’un simple relevé de notes avec 16 de moyenne, car passer les examens à Paris en cette période dangereuse je me suis débrouillé à trouver du travail à Nantes sans le diplôme. J’ai appris par un camarade qui travaillait à l’EDF que les examens dont le sien et le mien avaient eu lieu le 16 sept 43 à Paris. J’étais déjà embauché à l’entreprise Sodin. J’ai eu la chance de tomber sur ce chantier face aux ACB que je désespérais de voir se terminer quand j’étais encore dessinateur.


Au début je me suis demandé pourquoi l’on m’avais confié ce chantier. Par la suite j’ai vite compris il se passait des vols de matériaux tous les jours et le chantier n’avançait pas.


Les travaux ont du commencer en février 43 alors que j’étais à préparer mes cours.


Je suis donc entré à l’entreprise le 1er Août 1943. Le midi je suis donc rentré déjeuner chez moi en vélo comme du temps des ACB et dès midi et demi je suis revenu pour voir ce qui se passait quand je n’étais pas là.


Je suis tombé en plein trafic. Un jeune paysan manœuvre au chantier était avec une petite voiture tractée par un âne en train de charger des sacs de ciment entreposés dans des wagons. Pris la main dans le sac, je l’ai menacé de l’envoyer chercher son compte en Ville à la Direction. Là il a cassé le morceau et m’a tout raconté ce qui se passait avant sur place. Je lui ai promis de ne rien dire à condition qu’il rende les sacs et parle aux 100 ouvriers que désormais cela urgeait de terminer le chantier car les bombardements se précisaient partout. J’ai donc mis au point une méthode de travail aux pièces (une sorte de tâcheronnage). Je constituais des équipes où les gars se regroupaient par affinité et leur donnait à exécuter une tâche comme par ex. de vider à 4 une péniche de graviers à l’aide d’une grue à vapeur des Ponts et Chaussées. A la fin du travail ils se répartissaient la somme à 4 ce qui pour certains correspondait entre 2 à 3 fois leur salaire journalier.


Dans cette équipe il y avait 2 paysans et 2 dockers. Ces derniers étaient habitués à travailler à la tâche et c’est ce qui m’a inspiré la méthode survie pendant toute la durée du chantier et plus tard dans toutes les entreprises où j’ai travaillé avec évidemment l’accord de mes patrons qui y retrouvaient le compte et permettait de pratiquer des prix plus bas.


Comme j’avais demandé des volontaires pour cette première tâche ces 4 là seulement ont accepté car les autres avaient aussi reçu des promesses de contremaîtres pour charger des camions sans aucune compensation, mais après avoir vu les camarades empocher leur prime la fois suivante ils étaient presque tous volontaires. J’ai d’abord pris mes 4 puis à la longue tout le monde en a bénéficié.
Seuls quelques chauffeurs spécialistes de l’ancien système ont traîné les pieds même 2 m’ont menacé à la libération de me balancer en Loire. Cela ne m’a pas impressionné car j’avais réussi pour me défendre à mettre tout le monde de mon côté.


J’arrête là mon bavardage car j’aurai des dizaines d’histoires à vous raconter jusqu’à la libération avec tous les chantiers dont je me suis occupé par la suite avant de me mettre à mon compte comme métreur en 52.


Donc à bientôt le plaisir de vous rencontrer vous et vos amis, je vous téléphonerai avant.


Amitiés sincères
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Message par Philippe Tremble Dim 5 Juil - 16:15

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